L’Administration Trump et Boeing se sont entendus pour mettre fin aux poursuites pénales visant l’avionneur, liées à deux crashs successifs de son monocouloir 737 MAX-8.

Dans le cadre de cette transaction rendue public hier par la justice américaine, Boeing va reconnaître avoir cherché à «faire obstruction et entraver» le travail du régulateur américain de l’aviation civile (FAA). L’avionneur va également devoir verser 1,1 milliard de dollars, dont 444,5 millions pour alimenter un fonds d’indemnisation des proches de victimes, qui avait déjà été crédité en vertu d’un premier accord conclu en 2021. Le solde consiste en une amende de 244 millions de dollars ainsi qu’une enveloppe de 455 millions dédiée au renforcement des programmes internes de sécurité, qualité et conformité dans les usines de l’avionneur.

Deux crashs successifs impliquant un Boeing 737 MAX-8, celui de Lion Air en 2018 et celui d’Ethiopian Airlines 2019, avaient entraîné la mort de 346 personnes. La justice américaine reprochait alors à Boeing de ne pas avoir communiqué à la FAA des aspects techniques du logiciel antidécrochage MCAS. Des dysfonctionnements du MCAS et un manque de formation des pilotes à ce programme sont à l’origine des deux crashes.

Les autorités américaines et Boeing étaient parvenu à un premier accord en 2021. Mais, début 2024, après la perte d’une porte-bouchon en plein vol sur un 737 MAX-9 d’Alaska Airlines, les autorités ont dénoncé l’accord de 2021 et relancé des poursuites pénales, avant de s’accorder de nouveau aujourd’hui avec l’avionneur. Cette décision de l’administration Trump est un développement majeur pour Boeing qui, sous réserve d’homologation par un juge fédéral du Texas, va éviter un procès, dont l’ouverture était prévue le 23 juin. Selon les médias américains, la décision d’abandonner les poursuites contre Boeing est un autre signe que l’administration Trump pourrait être plus indulgente dans les poursuites contre les délits des entreprises américaines que ce n’était le cas sous l’administration Biden.

A l’annonce de l’abandon des poursuites pénales contre Boeing, les proches et les avocats des ayants droit de «plus de 110 victimes» ont signifié soit qu’ils étaient favorables à cet accord, soit qu’ils ne s’y opposaient pas. Mais d’autres familles s’y opposent : «ce genre d’accord sans précédent est une erreur», a commenté Paul Cassell, avocat de plusieurs familles, pour qui les manquements de Boeing constituent «le crime le plus meurtrier commis par une entreprise dans l’histoire des États-Unis». Et de préciser : «les familles que je représente vont s’y opposer et tenter de convaincre le tribunal de le retoquer». Outre le volet pénal, Boeing fait encore l’objet de procédures au civil intentées par des proches de victimes. En l’état, au moins deux procès en réparation sont prévus pour 2025, en juillet et novembre.

Crashs 737 MAX : l'administration Trump abandonne les poursuites pénales contre Boeing 1 Air Journal

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